04 février 2007

Voter Non dès le premier tour ?


L'Editorial de Paul-Marie COÛTEAUX - Conseiller politique de Philippe de VILLIERS, Député européen.
Mercredi 31 janvier

Qui ne voit combien la campagne est atone ? Peut-être ne s'ouvrira-t-elle qu'au printanier matin du 21 mars, lorsque les électeurs découvriront quels candidats la loterie des signatures admet à concourir. Or, dès le surlendemain, 23 mars, s'ouvriront en grande pompe, à Berlin, les festivités marquant le demi-siècle du traité de Rome : malgré les précautions que prennent les favoris (ou favorites) du sérail, la campagne se trouvera alors lancée sur son vrai thème, l'Europe, qui reste, historiquement donc politiquement, le principal sujet du jour - un peu comme l'était la question algérienne en 1958... De l'Europe tout dépend : on nous l'a assez dit...



Où en sommes-nous? La réunion des "Oui", organisée à Madrid le 26 janvier par les deux seuls pays qui ont ratifié le texte Giscard par la voie référendaire, le Luxembourg et l'Espagne, n'a réussi qu'à montrer les divisions du continent, non seulement entre les 18 approbateurs et les 9 récalcitrants mais aussi entre les Oui selon qu'ils veulent une "Constitution plus" (assortie de garanties propres à amadouer les "non") ou une "Constitution moins", limitée au Titre institutionnel - lequel permettrait d'ailleurs de faire passer ensuite tout le reste. Devant ces tergiversations, l'Allemagne a son propre plan exprimé, dès le 19 décembre à Bruxelles par le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, refusant tout "traité au rabais". Le 17 janvier, Mme Merkel annonça devant le Parlement européen sa volonté de faire aboutir le texte initial, assorti d'un vague préambule de bonnes intentions, comme si de rien n'était, en expliquant que, fruit d'un équilibre âprement négocié par une longue convention, il demeurait irremplaçable.

Le premier temps de ce curieux mariage forcé (la promise a dit non, mais doit nonobstant se laisser marier !) devrait être le grand coup de cymbales de Berlin célébrant ce que l'on appelle par habitude et par erreur "l'Europe". Après cinquante ans d'efforts, impossible de s'arrêter, tonne Steinmeier, nourrissant un espoir qu'il a déjà imprudemment formulé : "Les pays qui ont refusé le projet de Constitution semblent aujourd'hui prêts à négocier" (Le Figaro, 20 décembre 2006). En somme, le diktat allemand parie sur la faiblesse des deux Non, et surtout celui de la France, dans l'idée qu'il sera ensuite plus facile de fléchir des Pays-Bas alors isolés. C'est d'ailleurs pourquoi plusieurs mouvements souverainistes européens ont poussé la délégation française du groupe Indépendance et Démocratie au Parlement européen à lancer une campagne sur le thème "Non c'est Non !", dont on reparlera...

Reste heureusement le premier tour : une ultime fois peut-être, les Français pourront choisir entre deux modèles de civilisation qui découlent nécessairement de l'Europe à venir : soit l'Europe fusionnelle à l'allemande, qui doit faire marcher 27 ou 30 pays sur tous sujets d'un même pas, qui est d'ailleurs celui de la mondialisation libérale ; soit une Europe des coopérations (en matière de recherche, de politique commerciale extérieure, de politique industrielle ou d'environnement...) qui seule respectera les droits sociaux et politiques conquis dans le cadre national, lesquels s'effacent à mesure que celui-ci se dissout. On gage que ce débat dominant le premier tour, qui redonnera la parole aux souverainistes, et en premier lieu à celui qui voici moins de deux ans, en imposant les thèmes de campagne - frontières, protections, souveraineté -, fut le premier porte-parole du "Non", Philippe de Villiers, bouleversera une donne aujourd'hui trop bien ficelée.

En savoir plus sur le projet européen porté par Philippe de Villiers : RDV sur le site des députés souverainsites au parlement européen - Autre Europe

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