09 décembre 2006

Les eurodéputés ignorent les urnes




Encore un vote qui ne fera pas jaser, tant le monde se moque de ce qui se passe au Parlement européen. Et pourtant, le 16 novembre, en session plénière à Strasbourg, la quasi totalité des eurodéputés français s'est encore illustrée dans une totale ignorance du résultat du référendum du 29 mai, en votant un rapport sur la stratégie européenne de sécurité. Ce rapport Von Wogau comporte une résolution qui inscrit une nouvelle fois l'OTAN au cœur d'un futur système européen de défense, et s'enchante du retour apparemment certain de la Constitution européenne.

A l'article 56 du rapport, le Parlement européen «souligne l'importance du traité constitutionnel, qui permettra d'importantes avancées vers une Union de la sécurité et de la défense, grâce à la création d'un poste de ministre européen des affaires étrangères» L'ensemble des députés de l'UMP, de l'UDF ainsi que les tenants du «oui» au PS ont ici une nouvelle fois passé par pertes et profits le suffrage universel en votant «pour» cet article qui faisait l'objet d'un vote par appel nominal. Seuls les souverainistes de Philippe de Villiers, les socialistes partisans du «non», les communistes et les élus FN ont voté contre ledit paragraphe. Les Verts s'y sont également opposés, certainement davantage pour rejeter la militarisation de l'Europe que sa fédéralisation qu'ils appellent ouvertement de leurs vœux. Rappelons que d'ici 2008, le Traité établissant une Constitution européenne aura achevé d'aliéner ce qu'il reste d'indépendance française : création du poste de «Ministre» des affaires étrangères, promis à l'ancien patron de l'OTAN, Javier Solana qui a déjà des services diplomatiques, clause-passerelle qui permettra de décider non plus à l'unanimité mais à la majorité qualifiée pour la politique étrangère et la sécurité - rien de moins que décider de la guerre ou de la paix (!) -, articles 47-7 et III-300 sur la conformité de cette politique avec les engagements pris dans le cadre de l'OTAN, et article 41 qui définit une défense européenne intégrée avec une «Agence de la défense» ayant une mission militaro-industrielle.

Philippe de Villiers le répète pourtant depuis trois ans, avec un tel corset constitutionnel européen, la France, l'Allemagne et la Belgique qui furent seules en Europe à mener un front diplomatique contre la guerre en Irak en 2003, seraient aujourd'hui plongées dans le bourbier irakien, qui ressemble de plus en plus au bourbier vietnamien, avec l'Amérique et son armée. La France et l'Europe humiliées aux yeux du monde entier, nous n'aurions même pas rendu service aux Etats-Unis, à en juger par la popularité actuelle des va-t-en-guerre au pouvoir : le Parti républicain sanctionné, le Président Bush désavoué, l'engagement militaire en Irak critiqué dans de nombreux rapports circonstanciés.

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