15 février 2007

Le chancelier autrichien accuse l'UE d'ingérence

«Le chancelier accuse l'Europe d'ingérence» : c'est sous ce titre on ne peut plus évocateur que Le Figaro (13.02) revient sur la déclaration du nouveau chancelier autrichien, Alfred Gusenbauer, qui «estime que les gouvernements européens doivent empêcher l'Union européenne de se mêler de questions qui ne la regardent pas».


Si le chancelier s'est indigné de l'ingérence de la Commission européenne, c'est qu'elle «avait lancé le mois dernier une mise en garde à l'Autriche à propos d'un système de quotas décidé pour limiter le nombre d'étudiants allemands dans les facultés de médecine autrichiennes».

Plutôt que d'abandonner sans cesse des pans entiers de notre souveraineté française entre les mains des institutions bruxelloises, nos dirigeants français feraient bien de rappeler, comme le chancelier autrichien, le nécessaire principe de subsidiarité qui régit la coopération entre les Etats et l'Union européenne.

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14 février 2007

La présidentielle : "Une partie de footballeurs sans ballon"

A l’occasion du point presse hebdomadaire, le conseiller politique de Philippe de Villiers Paul Marie Coûteaux est revenu sur un événement passé inaperçu dans les médias alors qu’il a pourtant une incidence directe sur la vie politique française.


Le 8 février dernier, le conseil d’Etat a en effet institué qu’il n’était plus nécessaire de vérifier la constitutionnalité des textes émanant de Bruxelles. Dans les faits, cette décision cèle la supériorité des normes européennes sur la Constitution française. Aujourd’hui, l’Union Européenne dispose donc à la fois du régime des lois mais aussi du contrôle de leur mise en application. Selon Paul Marie Coûteaux «la campagne présidentielle ne se résume plus qu’à une partie de footballeurs sans ballon». On peut en effet considéré que depuis le 8 février la France ne dispose plus d’aucune traces de souveraineté juridique, y compris pour les droits sociaux. «Ségolène Royal rêve en couleur, elle n’aspire qu’à une chose : le pouvoir et aujourd’hui le pouvoir est parti à Bruxelles», a déclaré le député européen.

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11 février 2007

Le Conseil d'Etat consacre la primauté du droit européen

Comme l'indique le journal Le Monde (9.02), l'arrêt rendu hier par le Conseil d'Etat français est un véritable «Waterloo» pour la souveraineté française. Car cet arrêt apporte une nouvelle démonstration de «la prééminence des législations de l'Union - les «directives de Bruxelles» - sur les lois de chacun des Etats membres». En effet, suite à une plainte déposée par «des producteurs d'acier, au premier rang desquels on trouve la société Arcelor», «la plus haute juridiction administrative française était appelée à se prononcer sur la légalité du décret instituant un système de quotas d'émissions de gaz à effet de serre, mis en place pour lutter contre le réchauffement climatique, en application du protocole de Kyoto».

Or elle a «renoncé à sanctionner ce texte réglementaire, pour la raison fondamentale qu'il vise à appliquer, en France, une directive européenne». Cependant «la décision du Conseil d'Etat est d'autant plus spectaculaire qu'en l'espèce, le juge suprême administratif estime que les plaignants ont raison de soulever le principe constitutionnel d'égalité et que la directive est donc inconstitutionnelle». Mais, comme l'indique le quotidien, «plutôt que de sanctionner le décret, et donc indirectement d'invalider la directive, le Conseil d'Etat a choisi de faire trancher cette question par la Cour de justice des communautés européennes (CJCE)» afin de «ne pas ouvrir une guerre des juges». Comme le souligne Dominique Rousseau, professeur à Montpellier I et membre de l'Institut universitaire de France, dans une interview accordée au Monde, «cette décision consacre la primauté du droit communautaire sur l'ensemble du droit national. Le droit européen, qu'il soit direct ou dérivé, bénéficie désormais d'une immunité constitutionnelle.

Le Conseil d'Etat et le Conseil constitutionnel ont pris acte de l'impossibilité de s'opposer à une loi ou à un décret qui serait pris en application d'un texte communautaire, quand bien même il pourrait sembler contraire à notre Constitution ou à un principe constitutionnel». Et à la question posée par le quotidien relative au rôle alors dévolu aux juges français en matière de contrôle de constitutionnalité, Dominique Rousseau répond que «la Cour de justice des communautés européennes a vocation à devenir une Cour suprême fédérale à l'américaine» et que désormais aucun domaine «n'échappe au champ d'application du droit communautaire». Et ceci est d'autant plus grave que «le droit de l'Union européenne s'est fait par les juges nommés par les gouvernements, sans que les citoyens ne les connaissent».

Voilà une nouvelle preuve d'un flagrant déni de démocratie et de l'abandon de notre souveraineté sur l'autel de l'Europe fédérale. On assiste aujourd'hui à une dépossession et à un affaiblissement des instances nationales, au sein desquelles pourtant les décisions sont prises au plus près des intérêts des citoyens, et à un accroissement des pouvoirs des instances communautaires. Philippe de Villiers considère qu'il est plus que temps que le pouvoir politique reprenne la main sur le pouvoir des juges et des fonctionnaires.
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Le français, langue de référence...


Une «campagne en faveur du français a été lancée mercredi à l'initiative des anciens Premiers ministres de Bulgarie et de Roumanie ainsi que des ministres français, belges, polonais et italiens mais aussi des députés européens et des universitaires». Ils appellent en effet «à faire du français la langue de référence unique pour tous les textes légaux de l'Union européenne».

Comme l'a souligné l'Académicien et ancien Ministre de la Culture, Maurice Druon, «actuellement nous avons 23 langues officielles au sein de l'UE, c'est une véritable tour de Babel. Nous avons [donc] besoin d'une langue de référence pour tous les textes judiciaires, et nous pensons que ce doit être le français pour sa précision et sa rigueur». Une action qui vise également à compenser la disparition du français comme langue de travail au profit de l'anglais, «tendance [qui s'est] encore accélérée par l'arrivée des dix nouveaux Etats membres où l'anglais est la langue étrangère la plus choisie». Philippe de Villiers se félicite de cette heureuse initiative, lui qui souhaite mettre au coeur de sa campagne électorale pour l'élection présidentielle la francophonie et la langue française, atouts de puissance susceptibles d'ancrer le rayonnement de la France dans le monde.

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10 février 2007

Paneurope et souveraineté nationale, deux concepts antinomiques

Par Pierre Hillard, Docteur en Sciences politiques.

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Face à l’agression répétée des euromondialistes contre la souveraineté des Etats et en particulier celle de la France, il est utile de rappeler certains éléments permettant aux véritables défenseurs de la cause nationale de séparer le bon grain de l’ivraie. En effet, on peut remarquer une confusion chez certains conduisant à des rapprochements incompatibles avec une vraie défense de la cause nationale. Dans cette affaire, la Paneurope joue un rôle déterminant pour abuser les esprits.

Créée dans les années 1920 grâce à l’impulsion du comte Richard de Coudenhove Kalergi, la Paneurope est à l’origine de la création du Conseil de l’Europe, de l’hymne de l’Union européenne (l’Ode à la joie) et de multiples initiatives favorisant l’apparition d’un pôle européen unifié. Dès 1950, après avoir reçu la plus haute distinction européiste, le prix Charlemagne, R. de Coudenhove Kalergi rappelait la nécessité d’une « Europe unie de l’Islande à la Turquie comme de la Finlande au Portugal », de l’importance d’une « constitution fédérale » ainsi que de la création d’une « Union atlantique [qui] deviendrait une Fédération à trois avec l’Empire britannique comme pont entre l’Amérique et l’Europe » [1]. Ces déclarations furent relevées avec enthousiasme par Valéry Giscard d’Estaing quand il reçut à son tour le prix Charlemagne en 2003 [2].


La Paneurope est subdivisée en plusieurs branches (Paneurope France, Paneurope Allemagne, Paneurope Espagne, …) lui permettant de diffuser son idéal résumé par des « Principes fondamentaux » absolument contraires à la souveraineté des Etats puisque ils affirment que « […] L’Union paneuropéenne se déclare attachée au patriotisme européen couronnement des identités nationales de tous les Européens. A l’époque des interdépendances et défis mondiaux, seule une Europe forte et politiquement unie peut garantir l’avenir de ses peuples et entités ethniques. L’Union paneuropéenne reconnaît l’autodétermination des peuples et le droit des groupes ethniques au développement culturel, économique et politique […] » [3]. Comme on peut le relever, ces principes sont absolument contraires à ceux de la République française affirmant l’indivisibilité du territoire national et ne reconnaissant que le concept de citoyen sans aucune référence ethnique ou religieuse. Ces concepts paneuropéens expliquent logiquement que les anciens présidents de la Paneurope Allemagne, Alfons Goppel et Siegbert Alber [4], aient joué un rôle significatif dans l’élaboration de la charte des langues régionales ou minoritaires et la convention-cadre sur la protection des minorités [5]. Enfin, il faut rappeler que le président de la Paneurope Allemagne en 2007 s’appelle Bernd Posselt [6] et est député allemand au Parlement européen. Ce dernier fut aussi l’assistant d’Otto de Habsbourg, successeur de Richard de Coudenhove Kalergi en 1972 à la tête de la Paneurope.

Ce rappel des points forts de la Paneurope est nécessaire afin d’évoquer une fondation poursuivant l’idéal de son créateur : la Fondation Coudenhove-Kalergi [7]. Reprenant ces fameux « Principes fondamentaux », cœur de la pensée paneuropéenne, cette fondation est dirigée par Aloïs Mock ancien ministre des Affaires étrangères d’Autriche. Ce dernier joua aussi un rôle éminent dans les tentatives d’établir « un projet de protocole additionnel à la Convention européenne des droits de l’homme pour la protection des minorités » en liaison avec l’Union fédéraliste des Communautés ethniques européennes (UFCE, Föderalistische Union Europäischer Volksgruppen) [8], institut promouvant une Europe des régions à base ethnique et soutenu par le ministère de l’Intérieur allemand [Ibid., p. 149 et p. 183-186.]. La fondation Coudenhove Kalergi récompense ceux qui ont « contribué à la construction politique de l’Europe en tant que patrie […] » [9] en décernant un prix européen. Nous pouvons citer quelques heureux bénéficiaires comme Raymond Barre (1978), Helmut Kohl (1990), le président Ronald Reagan (1992), Otto de Habsbourg et Aloïs Mock (1994) ou encore l’ancien président décédé du Kosovo et âpre défenseur de l’indépendance de ce nouvel Etat, Ibrahim Rugova (2004) [10].

Nous pouvons relever une multitude de noms composant les membres du Conseil de la Fondation Coudenhove Kalergi en 2005 [11]. En raison de la philosophie du système, il est logique d’y retrouver des personnes comme Aloïs Mock, Otto de Habsbourg, Raymond Barre, Jakob de Coudenhove Kalergi, neveu du fondateur de la Paneurope, l’ancien président de la Paneurope France, Raymond Triboulet, … Mais l’habileté de cette fondation est d’avoir aussi attiré en son sein des personnes qui, théoriquement, ne devraient pas en faire partie. On peut ainsi s’étonner de trouver des noms comme ceux d’Alain Larcan, Président du conseil scientifique de la fondation Charles-de-Gaulle [12], Maurice Druon, secrétaire perpétuel de l’Académie française, Pierre Maillard, ancien ambassadeur du général de Gaulle ou encore Jean-Paul Bled, professeur à Paris IV Sorbonne, président du RIF (Rassemblement pour l’indépendance de la France) et directeur de la rédaction du journal L’indépendance. De deux choses l’une : soit ces personnes ont été abusées. Dans ce cas, elles se dépêcheront de démissionner afin de ne plus cautionner une fondation dont les principes sont mortels pour la France. Soit elles restent partie intégrante de la fondation Coudenhove-Kalergi. Alors, nous serons à quoi nous en tenir au sujet de leurs pseudo-activités en faveur de la défense des intérêts nationaux.

Pierre HILLARD

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09 février 2007

"La nation est justement faite pour prendre en compte chacun de ses fils"


L'éditorial de Paul-Marie Coûteaux
Conseiller politique de Philippe de VILLIERS,
Député européen.
mardi 06 février 2007


Contre les souverainistes, le Système a bien réglé sa machine : nous sommes contre tout ; anti-européens, puisque nous nous opposons à la Constitution européenne ; anti-américains, puisque nous condamnons la guerre américaine en Irak ; anti-turcs, puisque nous ne voulons pas de la Turquie dans l'Union européenne ; anti-musulmans puisque nous refusons les dérives communautaristes et l'aménagement des horaires de piscine ou des menus de cantine pour complaire aux associations islamistes ; anti-jeunes puisque nous nous élevons contre l'absurde complaisance qui saccage des champs et quelquefois des vies sous le prétexte très festif de "rave-parties" ; anti-homos, puisque le mariage nous paraît répondre d'abord à une nécessité précise, élever des enfants ; et encore, nous serions "anti-pauvres" pour refusé l'hypocrisie entourant les obsèques de l'Abbé Pierre ! Bref, on aimerait que nous jouions sagement le rôle de petits blancs en guerre contre le monde entier, apeurés par toutes ses évolutions, retranchés dans un nouveau Fort Chabrol.

En réalité, nous sommes tout le contraire. Nous sommes pour l'Europe, cette Europe de l'Atlantique à l'Oural qui organiserait les coopérations multiples et ouvertes entre tout ou partie de ses quarante peuples ; nous n'avons rien contre la Turquie, qui peut devenir une des grandes puissances régionales, de surcroît alliée de la France comme elle le fut souvent ; rien contre le monde musulman dont une bonne partie est francophone et avec qui nous entendons construire, déjouant le piège épouvantable du choc des civilisations, un espace de coopération tous azimuts, la francophonie ; et nous ne sommes pas davantage contre les jeunes, ces jeunes qui constituent une grande partie de nos militants et de nos électeurs, plus nombreux que chez beaucoup d'autres...

Nous n'avons pas peur puisque, bien seuls en cela, nous avons confiance en la France ; nous savons qu'elle a connu des crises et des plus graves avant de se redresser tôt ou tard quand elle est bien menée "sous l'égide d'un Etat fort" comme disait de Gaulle ; et nous savons que la nation est justement faite pour prendre en compte chacun de ses fils, qu'un chef d'Etat doit s'adresser à chacun sans esprit d'exclusion, n'appartenir à personne en particulier pour appartenir à tous. Parce que nous aimons la nation, notre premier souci est de créer sans cesse du lien - de renouer les fils de la trame nommée civilisation française et qui a besoin de tous, y compris de l'apport constant de nouveaux venus. Parce que nous aimons la nation, nous faisons nôtre tout ce qui est national, et nous serrons la main à tous les hommes de bonne volonté qui veulent la défendre d'où qu'ils viennent, qu'ils soient de droite ou pas, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes, qu'ils soient nés en France ou qu'ils ne le soient pas, pourvu qu'ils l'aiment.

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Sarkozy : "Un traité ordinaire pour l'Europe"


Son «mini-traité» ne faisant pas recette tant en France qu'auprès des autorités bruxelloises et même de nos partenaires européens, Nicolas Sarkozy a décidé de faire une autre proposition. Et par la voix de son conseiller pour les affaires européennes, l'eurodéputé Alain Lamassoure, Nicolas Sarkozy propose maintenant, «s'il est élu président de la République», «la relance de la construction européenne par un accord à vingt-sept sur un «traité ordinaire»».


Et le conseiller d'expliquer : «Nous ne parlons plus de mini-traité, idée recalée par tous [les autres Européens] sauf les Britanniques, ce qui nous a paru suspect». Et de poursuivre : «La seule manière de s'interdire d'échouer, c'est de faire ratifier ce traité ordinaire par les Parlements nationaux (sic) dans tous les pays de l'UE», en précisant tout de même que «seule l'Irlande devrait obligatoirement consulter directement les électeurs». Enfin, «ce traité ordinaire serait écrit avec des ciseaux en taillant dans le texte rejeté lors des référendums français et néerlandais du printemps 2005».
Alors on peut légitimement se demander où réside ici le changement ? Car il s'agit toujours bien d'un «mini-traité», même si le nom a changé pour «traité ordinaire», puisque Nicolas Sarkozy se propose de «prendre les ciseaux» et de tailler dans la partie III du projet de Constitution européenne comme dans sa proposition précédente. Et de même, il s'agit toujours, comme dans sa proposition précédente, de faire ratifier ce «traité ordinaire» par les Parlements.
Alors ne serait-ce encore une fois qu'une proposition «marketing» ?

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07 février 2007

L'architecture du bloc euro-atlantique



par Pierre Hillard, docteur en sciences politiques
L'architecture du bloc euro-atlantique


Depuis plusieurs décennies, un axe euro-américain tente de s'imposer de part et d'autre de l'Atlantique. De 1945 à la chute du mur de Berlin, l'Europe occidentale a bénéficié du parapluie nucléaire américain afin de contrer la menace que représentait le Pacte de Varsovie. Avec l'effondrement des régimes communistes en Europe centrale et en Union soviétique, une nouvelle donne politique et géopolitique est née. Des pays issus du rideau de fer défunt ont tourné leurs regards vers Bruxelles et Washington. Après plusieurs années préparatoires, les frontières de l'Union européenne ont bondi vers l'Est, le 1er mai 2004, en incorporant les pays d'Europe centrale. L'environnement géopolitique de l'Union européenne s'est donc considérablement modifié. Parallèlement à cette extension, l'UE à 27 cherche à acquérir des prérogatives régaliennes capables de constituer un véritable pôle politique au sein du Nouvel ordre mondial naissant.

C'était tout l'enjeu des tentatives d'instauration d'une Constitution européenne rejetée par les Français et les Hollandais lors des référendums des 29 mai et 1er juin 2005, échec que Bruxelles veut surmonter coûte que coûte. Dans le même temps, les liens politiques et économiques entre l'Union européenne et les Etats-Unis se sont largement approfondis à partir de la décennie 1990, malgré les vicissitudes du climat international comme, par exemple, lors de la crise irakienne en 2002 et 2003. Depuis le début du XXIe siècle, on assiste à l'émergence d'un bloc euro-atlantique dépassant largement le cadre de la simple coopération. Elle est le résultat d'une volonté de favoriser la création d'une unité occidentale. C'est pourquoi, nous verrons dans un premier temps les structures propres aux piliers européen et américain. Ensuite, nous traiterons des liens de plus en plus vigoureux cherchant à souder l'Ancien et le Nouveau monde au sein du Nouvel ordre mondial.

I - Les deux piliers de l'atlantisme

De part et d'autre de l'Atlantique, il se met en place deux piliers appelés à se confondre : l'Union européenne et la Communauté nord-américaine.

Si rien ne vient entraver le développement de l'Union européenne comme par exemple une crise de l'euro, celle-ci est destinée à constituer un pôle politico-économique doté de prérogatives variées : communautarisation de tous les secteurs politiques majeurs, parlementarisation complète, propres ressources financières, etc. Ces divers éléments ne sont qu'une strate de cette construction entamée depuis la signature du traité de Rome en 1957. En effet, les soubassements mis en place progressivement consistent à enraciner des principes fédéralo-ethno-régionalistes permettant de déstructurer puis de restructurer le « corps européen » : la régionalisation (chartes de l'autonomie locale [1] et régionale), la coopération transfrontalière, la charte des langues régionales ou minoritaires, la convention-cadre pour la protection des minorités, l'aménagement du territoire (charte de Torremolinos), le code civil européen… [2]. Ces textes germano-européens sont indispensables pour permettre tous les remaniements territoriaux afin de créer des blocs politico-économiques rentables, appelés eurorégions, regroupant diverses régions extraites du cadre étatique et permettant ainsi de les intégrer au grand courant de la mondialisation. C'est le cas, par exemple, de la création d'eurorégions comme « Midi-Pyrénées » [3] et « Adriatique » [4].

Cependant, la réussite complète de l'entreprise ne peut être totale qu'en la coiffant d'une Constitution européenne. Les refus français et hollandais se doivent d'être surmontés pour les tenants du Nouvel Ordre Européen. Ainsi, un rapport [Rapport sur la période de réflexion : la structure, les sujets et le cadre pour une évaluation du débat sur l'Union européenne (2005/2146(INI)), Commission des affaires constitutionnelles, Corapporteurs : Andrew Duff et Johannes Voggenhuber. Final A6-0414/2005.], rédigé le 16 décembre 2005 par l'Anglais Andrew Duff (Groupe Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe) et l'Autrichien Johannes Voggenhuber (Verts/Alliance Libre européenne), souligne tout en regrettant le vote négatif franco-hollandais, mais insistant sur le nécessaire respect à avoir à l'égard de ceux qui s'y sont opposés, qu'il s'avère absolument nécessaire de voir aboutir cette Constitution dans les termes suivants : « […] demande qu'en tout état de cause, tous les efforts soient accomplis pour garantir que la Constitution entrera en vigueur en 2009 » [5]. Ce document a été adopté par le Parlement européen, en janvier 2006, avec 385 voix pour, 125 contre et 51 abstentions [6].

L'alter ego européen prend lui aussi forme en la personne de la Communauté nord-américaine [7]. Lancé en mars 2005 par le président Bush, le premier ministre canadien Paul Martin et le président mexicain Vincente Fox, cet immense projet élaboré au sein du Council on Foreign Relations (CFR), le Conseil canadien des chefs d'entreprise (CCCE) et le Consejo Mexicano de Asuntos Internacionales (COMEXI, organisation multidisciplinaire soutenue par les entreprises) consiste comme l'écrit Richard N. Haass, président du CFR, à aboutir à la situation suivante : « Le groupe de travail offre une série de propositions détaillées et ambitieuses qui s'ajoutent aux recommandations adoptées par les trois gouvernements lors du sommet au Texas en mars 2005. La recommandation principale du groupe de travail est d'établir d'ici 2010 une communauté économique et sécuritaire en Amérique du Nord, dont les limites seraient définies par un tarif douanier commun et un périmètre de sécurité externe » [8].

Comme le rappellent les différents concepteurs, l'ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain), entré en vigueur le 1er janvier 1994, a permis de constituer la première ébauche d'entité économique unifiée. Désormais, dans le cadre d'une mondialisation cherchant à permettre l'émergence de vastes entités continentales unifiées, plus exactement standardisées, il s'agit de passer à la vitesse supérieure. Après l'adoption en mars 2005 par les dirigeants des trois pays d'un Partenariat Nord-américain pour la sécurité et la prospérité (PSP), les auteurs de ce rapport passent en revue les trois points essentiels à régler : « Les menaces communes envers notre sécurité, les défis communs contre notre croissance et notre développement économiques et le défi commun que représente le niveau inégal de développement économique » [9].

En guise de conclusion, il est clairement spécifié que : « Les défis mondiaux, auxquels l'Amérique du Nord est confrontée, ne peuvent être relevés unilatéralement ni même bilatéralement, non plus qu'à travers les modèles existants de coopération. Ils demandent une coopération approfondie basée sur le principe énoncé conjointement en mars 2005 par le Canada, le Mexique et les Etats-Unis, selon lequel notre sécurité et notre prospérité sont mutuellement dépendantes et complémentaires. L'établissement, d'ici 2010, d'une communauté économique et de sécurité pour l'Amérique du Nord, est un objectif ambitieux mais réalisable, qui est en harmonie avec ce principe […] » [10]. Enfin, le projet consiste à favoriser, dans l'esprit de ses promoteurs, une monnaie unique pour l'ensemble de la Communauté nord-américaine. Remplaçant le dollar américain, le dollar canadien et le peso mexicain, Robert A. Pastor, vice-président du groupe de travail élaborant les structures de cette communauté au sein du CFR, suggère l'instauration de l'amero qui serait à ce bloc géo-économique nord-américain ce que l'euro est à l'Union européenne [11].


II - La communauté atlantique économique et politique

Les liens politico-économiques n'ont fait que croître de part et d'autre de l'Atlantique depuis la Seconde guerre mondiale. La chute du mur de Berlin a été un accélérateur du processus. Comme le rappelle Werner Weidenfeld, haut dirigeant de deux grands think tanks allemands, la Fondation Bertelsmann et le Centrum für angewandte Politikforschung (CAP) : « Les données économiques parlent d'elles-mêmes. Plus de 50% des revenus des compagnies américaines dérivent du marché européen. L'Europe reste le partenaire le plus important du monde américain des affaires. Les entreprises européennes assurent plus de un million d'emplois rien que pour la seule Californie. Les investissements européens au Texas dépassent l'ensemble des investissements américains au Japon. Des deux côtés de l'Atlantique, plus de 12,5 millions de personnes vivent des liens économiques transatlantiques » [12].

Les travaux émanant de ces think tanks évoquent même l'idée de créer entre les Etats-Unis et l'Union européenne un véritable G-2 [13]. Même si la coopération étroite entre dirigeants américains et allemands a abouti, en juillet 2003, à la définition d'une politique intitulée : « USA-UE : recommandations stratégiques pour une nouvelle alliance globale » [14], de nombreux éléments ont préalablement balisé le chemin. En effet, dès 1990, une « Déclaration transatlantique » [15] est élaborée entre les Etats-Unis la Communauté européenne (ancienne UE) stipulant la nécessité économique et politique de renforcer les liens. Ces derniers sont passés à la vitesse supérieure par la mise en forme du New Transatlantic Agenda (NTA) de décembre 1995 [16] accompagnés d'un Joint EU-US Action Plan s'appliquant à 150 domaines spécifiques [17]. Cependant, ces avancées n'ont été possibles qu'en raison de l'action décisive d'un institut : le Transatlantic Policy Network (TPN). Fondé en 1992 et réunissant des parlementaires européens et des représentants du Congrès des Etats-Unis, il est soutenu par de nombreux think tanks comme le CFR, le German Marshall Fund ou la Brookings Institution et il est alimenté financièrement par des multinationales américaines et européennes comme Boeing, IBM, Microsoft, DaimlerChrysler, Pechiney, Michelin, Siemens, BASF, Deutsche Bank, Bertelsmann… [18]. Comme le stipulent les textes officiels : « Le TPN a été créé afin de promouvoir un partenariat stable et fort entre les Etats-Unis et l'Europe pour influencer tout élément prioritaire et toute forme de développement. C'est un réseau transatlantique de réseaux dont les membres sont un mélange unique du monde des affaires, de la politique et du secteur universitaire » [19].

C'est en raison de son poids et de son influence décisive que le lancement en 1995 du NTA doit largement son existence à un rapport du TPN : A European Strategy to the US [20]. Continuant sur leur lancée, les autorités de Bruxelles et de Washington ont élaboré le Transatlantic Economic Partnership (TEP) [21], en mai 1998, lors du sommet de Londres afin de faciliter des actions communes dans les domaines de l'investissement et du commerce. En tout cas, la Commission européenne, sous la houlette de José Barroso, continue dans la même voie. Le discours à la School of Advanced International Studies (SAIS), le 18 octobre 2005, a été propice au lancement solennel d'une « déclaration d'interdépendance » [22] où José Barroso s'est plu à rappeler le discours prophétique de John Kennedy du 4 juillet 1962 prônant une « association atlantique » [23], mais aussi à rendre hommage aux travaux conjoints entre les think tanks euro-américains appelant à l'établissement d'un marché transatlantique sans entraves. Leurs travaux ont abouti, sous la direction de Daniel S. Hamilton et de Joseph P. Quinlan, à un livre intitulé Deep integration [24], ouvrage loué par le Président de la Commission.

La convergence de vue est complète entre l'UE et les Etats-Unis. Avant même le discours de José Barroso, la Commission européenne a donné le ton dans un document, en mai 2005, dont le titre résume tout : « Un partenariat UE/Etats-Unis renforcé et un marché plus ouvert pour le XXIe siècle » [25]. Il s'agit de concert avec le partenaire américain d'aboutir à « la réglementation d'un marché transatlantique, à la dynamique de la connaissance et de l'innovation, à un contrôle des frontières plus pertinent et plus fiable pour des échanges et des investissements plus rapides […] et à la création d'une Assemblée transatlantique » [26].

L'action de la Commission s'est traduite par l'élaboration d'un rapport sous la direction de la député socialiste allemande Erika Mann au Parlement européen [27] qui, rappelant l'imbrication croissante entre les économies américaine et européenne, appelle à « l'instauration d'un marché transatlantique sans entraves d'ici 2015, cet objectif devant être atteint dès 2010 en ce qui concerne les services financiers et les marchés de capitaux » [28]. En fait, ces directives ne sont que l'application au mot près du rapport du TPN, intitulé A strategy to strengthen transatlantic partnership du 4 décembre 2003 qui, dans les domaines économiques, militaires, politiques et institutionnels, appelle à la réalisation complète d'un bloc euro-atlantique pour 2015 [29]. Ces affirmations ont d'autant plus de poids que la député allemande Erika Mann est à la tête de la direction européenne du TPN [30]. L'imbrication des politiques américains et européens avec les think tanks et le monde des affaires est total [31]. Cependant, pour parachever ce bloc euro-atlantique et améliorer son efficacité, il s'avère nécessaire de créer une entité politique commune gérant les deux piliers euro-américains. C'est tout l'enjeu de l'Assemblée transatlantique.

Les contacts entre les représentants politiques du Parlement européen et du Congrès des Etats-Unis sont anciens. Dès 1954, une représentation européenne était présente à Washington grâce à l'appui de Jean Monnet. En revanche, ce n'est qu'à partir de 1961 qu'une représentation américaine s'établit à Bruxelles [32]. Les relations s'intensifièrent avec la première visite d'une délégation du Congrès des Etats-Unis en 1972 au Parlement européen [33]. Cependant, il a fallu attendre la 50e réunion interparlementaire réunissant les deux délégations, les 15 et 16 janvier 1999, pour décider du lancement du Transatlantic Legislators' Dialogue (TLD) qui, en 2006, est co-dirigé par le congressiste américain Jonathan Evans et le député allemand Elmar Brok, président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement européen [34]. Ce député allemand a plusieurs casquettes puisqu'il est aussi l'ancien vice-président de Bertelsmann [35], mais aussi le vice-président du très influent TPN en contact direct avec Erika Mann [36]. Une telle collusion explique qu'Elmar Brok soit l'auteur d'un rapport lançant le principe d'une Assemblée transatlantique [37].

Comme l'affirme clairement son auteur : « […] Aucun résultat durable ne peut être obtenu sans des institutions prêtes à aller de l'avant ; souligne par conséquent l'importance d'un cadre institutionnel stable assurant une coordination et une consultation régulières à haut niveau ; réaffirme par conséquent qu'il est nécessaire de renforcer la dimension parlementaire du partenariat transatlantique en transformant le Dialogue transatlantique des législateurs (Transatlantic Legislators' Dialogue) en une assemblé transatlantique qui puisse organiser des sommets des législateurs avant les sommets Union européenne-Etats-Unis […] » [38]. En fait, ce rapport n'est que la continuité logique de deux résolutions votées par le Parlement européen, les 13 janvier et 9 juin 2005, appelant à l'instauration d'une Assemblée transatlantique [39].


Conclusion

Tous les éléments sont réunis pour parachever un idéal permettant l'instauration d'un bloc euro-atlantique politique, économique et militaire afin de constituer un pôle — la fondation Bertelsmann parle de la « région Europe-Amérique » [40] — parallèlement à l'émergence d'autres entités géo-économiques (asiatique, sud-américaine, …). Dans cette affaire, nous pouvons constater le rôle prégnant de l'Allemagne dont les représentants sont à l'origine de l'élaboration de tous les documents chargés de mettre sur pied le pilier européen [41] imprégné du modèle économique anglo-saxon. Les initiateurs de ces ambitions se révèlent être des internationalistes.

D'une certaine manière, c'est David Rockfeller qui a le mieux résumé cette évolution et sa finalité dans la rédaction de ses Mémoires [42]. Ancien dirigeant du CFR, président de la Chase Manhattan Bank, cet homme a été au sommet du pouvoir et de ses coulisses. Affichant sa fierté d'être internationaliste et reprenant l'expression d'interdépendance chère à John Kennedy et au Président de la Commission José Barroso, il écrit que « L'interdépendance mondiale, ce n'est pas du domaine de la poésie ou de l'imaginaire, mais c'est la réalité concrète que les révolutions de ce siècle en technologie, en géopolitique et dans les communications ont rendue irréversible. La libre circulation des capitaux, des marchandises et des personnes par-delà les frontières demeurera le facteur fondamental de la croissance économique mondiale et du renforcement des institutions démocratiques partout dans le monde. Les Etats-Unis ne peuvent pas échapper à leurs responsabilités mondiales. Le monde d'aujourd'hui réclame une direction des affaires mondiales et notre pays doit répondre à cette demande. Au XXIe siècle, il ne peut y avoir de place pour les isolationnistes ; nous devons tous être des internationalistes » [43]. Finalement, cette déclaration est l'officialisation d'une politique que ses initiateurs veulent mettre en place au XXIè siècle. Cependant, en raison de multiples problèmes assaillant le monde, on peut estimer que la tâche sera ardue.

PH
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Turquie : nouvelle magouille de Sarko l'eurocambrioleur


Décidément, Sarko aime faire entrer par effraction. Il y avait eu (et il y a toujours) la question de feue la Constitution Européenne - vu qu'elle est pas passée par la porte, il est en train de chercherpar quelle fenêtre elle peut faire son chemin - mais voici désormais que c'est la Turquie qu'il veut faire entrer par effraction dans l'Europe.

On l'avait entendu nous chanter sur tous les toits qu'il était un farouche opposant à l'entrée de la Turquie. Pourtant, il vient de proposer la création d'une Union méditerranéenne, regroupant tous les pays bordant cette mer, et fonctionnant suivant le modèle de l'Union Européenne.

Mais si les mots ont encore un sens, une UNION, ainsi que le passage de 'Communauté' à 'Union' Européenne, consécutif au traité de Maastricht, l'avait prouvé, c'est l'action de fondre plusieurs entités en une seule : les Etats qui forment une UNION ne devienent donc que des régions de cette union.
Dès lors, la question est la suivante : une région peut-elle faire partie de plusieurs pays ? Vous conviendrez avec moi qu'à l'évidence la réponse à cette question est NON. Donc logiquement, si un pays fait partie de deux unions, c'est que ces unions n'en font qu'une seule. La proposition de Nicolas Sarkozy revient donc de fait à faire entrer non seulement la Turquie, mais aussi tout le pourtour méditerranéen, dans l'Union Européenne. Il l'avoue d'ailleurs implicitement, en disant que cette Union Méditerranéenne pourrait avoir un jour avec l'UE des institutions communes.

Par ailleurs, on ne peut qu'être sceptique devant d'autres conséquences de cette nouvelle mauvaise idée de ce valet de Bruxelles qui est censé nous servir encore de ministre de l'Intérieur : il veut bâtir une Union Méditerranéenne à l'image de l'Union Européenne, mais je ne suis pas sûr que cela soit souhaitable pour les pays non-européens concernés par ce projet.

D'abord, les pays du sud et de l'est de la Méditerranée (Afrique du Nord et Proche-Orient) ont assez de problèmes à établir chez eux la démocratie pour qu'on écrase ces fragiles velléités sous le poids d'une grosse machine totalitaire à l'image de la Commission Européenne.

Et puis il y a là un paradoxe étonnant : alors qu'à l'unisson de l'UMPS, le petit Nicolas défend l'idée de Nation et de souveraineté dès qu'on est sorti d'Europe, et en particulier au Proche-Orient, le voici maintenant qui prône l'érection d'une nouvelle machine dont on sait, au vu de son modèle, qu'elle broiera lesdites souverainetés ! Décidément, Sarko la girouette est bien le digne successeur de Chirac...

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«Europe, la machine folle»...

«Europe, la machine folle» : c'est sous ce titre évocateur que L'Express (01.02) revient sur la construction européenne actuelle. Le constat est sans appel : «L'Europe qui se construit à Bruxelles ressemble de plus en plus à un train fou lancé sur une pente vertigineuse».

Bien entendu «la prudence dicterait au moins au conducteur de ralentir la vitesse». Mais «pas du tout : pied au plancher, José Manuel Barroso, le Président de la Commission, fonce tête baissée». Quelle mouche a donc piqué la Commission s'interroge l'hebdomadaire ? Le dogme ! «Le marché est faussé par des monopoles qui font monter les prix. Cassons-les, libéralisons le secteur ; des nouveaux entrants se feront concurrence, et feront baisser les prix». Voilà le vrai «catéchisme» de la Commission. Mais si cette recette a pu réussir dans un secteur tel que les télécoms, pour autant elle n'est pas forcément la bonne dans tous les domaines. Mais qu'à cela ne tienne ! «Si c'est un fiasco, comme dans le secteur de l'énergie», les institutions bruxelloises considèreront que «c'est que l'on n'est pas allé assez loin !». Pourtant «plus personne ne croit à la baisse des prix.

En deux ans, le prix du mégawatt/heure a triplé de 20 à 60 euros pour les industriels, alors qu'EDF demeure le producteur le moins cher du marché européen grâce à son parc nucléaire». Et malgré ce constat amer, «Bruxelles veut maintenant faire sauter les tarifs réglementés qui protègent les consommateurs français, toujours au nom de la libre concurrence».

Mais «pas question de remettre en question le dogme», même si tous les secteurs s'effondrent les uns après les autres. «Après le fret ferroviaire de la SNCF, en train de s'effondrer sous les coups de boutoir d'une concurrence brutale, La Poste est, elle aussi, sur le pied de guerre (...) Et le grand choc approche avec la concurrence totale pour les particuliers, au 1er janvier 2009. Une bombe sociale et politique à retardement». «Le cinéma français tremble aussi». Et dernière cible en date : «les jeux de hasard». «De l'idéologie pure» s'inquiète un dirigeant d'une grande entreprise publique française. Mais comme le rappelle très justement le lobbyiste Stéphane Desselas, directeur d'Athenora Consulting, la logique libérale est inscrite «dans les gènes» de la Commission. Alors, puisque «la feuille de route de la Commission Barroso [peut] tenir sur un timbre-poste» (traque des aides publiques, démantèlement des monopoles, dérégulation), comment s'étonner que l'Europe ait perdu ses repères puisqu'elle n'a plus de «colonne vertébrale». Et l'hebdomadaire de lister les problèmes : «premier problème : la Commission n'a pas vraiment de direction politique». Car «en moins de dix ans, le petit collège de 6 membres est devenu une équipe de 27 commissaires, convertis pour la plupart à la toute-puissance du marché», ce qui fait dire au juriste Antoine Gosset-Grainville qu'«il y a un recul la collégialité et beaucoup moins de cordes de rappel pour éviter les dérives». Des dérives amplifiées par «le pouvoir de l'administration, avec cette caste de 20 000 hauts fonctionnaires polyglottes et cosmopolites». «Ces brillants esprits vivent dans leur bulle, imprégnés de culture libérale, mais complètement coupés de la réalité des entreprises» s'insurge un dirigeant d'une grande entreprise publique française.

Autre problème pointé du doigt par L'Express, et non des moindres : «les lobbyistes, cet univers d'agents d'influence qui font la loi à Bruxelles. Ils seraient au moins 15 000 à graviter autour du Berlaymont [nom du siège de la Commission] où ils entrent comme dans un moulin». Car non seulement «ils font avancer leurs idées et tentent d'influencer les textes de la Commission», mais ils vont même jusqu'à proposer de les rédiger ! Et malheureusement, face à cette toute-puissance, les Français «ont bien du mal à trouver leur place» et vont jusqu'à se contredire : «ils invectivent Bruxelles quand ils sont à Paris, et finissent en général par céder sur tout à Bruxelles» soupire un haut fonctionnaire.

Cette attitude est en effet typique des députés issus des deux grands groupes du Parlement, le PPE (UMP en France) et PSE (PS en France), qui y décident pourtant de la pluie et du beau temps. Et en effet «sur l'énergie, le fret ferroviaire ou La Poste, la France a freiné des quatre fers, avant de tout accepter en bloc. Sans aider les entreprises à se préparer» alors que, comme le souligne un dirigeant français dépité, «voilà dix ans que la Deutsche Post se prépare» ! Idéologie et libéralisme extrêmes de la Commission, incohérence et inconsistance de certains députés français, comment s'étonner que les citoyens aient voté «non» le 29 mai 2005 et ne comprennent plus rien à cette Europe folle !
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«L'Europe bientôt en tchador»...




Dans son édition du 1er février, Courrier International reprend, sous un titre on ne peut plus explicite «L'Europe bientôt en tchador», quelques extraits d'un «article hallucinant du quotidien de droite israélien [Jerusalem Post] sur la poussée démographique des musulmans en Europe et ses conséquences néfastes pour les Etats-Unis, Israël et les Juifs». Et cela commence fort : «Si jamais vous vouliez voir Paris ou Rome avant de mourir, et que vous n'en avez pas encore eu l'occasion, vous feriez peut-être bien de vous hâter. Car, bientôt, l'essentiel de ce que nous considérons aujourd'hui comme l'Europe occidentale se sera transformé en une branche du monde musulman.

C'est en tout cas la conclusion déplaisante, mais absolument inévitable qu'il faut tirer de la dégringolade démographique qui entraîne l'Europe vers le néant». Et pour justifier cette constatation, le quotidien de citer le récent rapport de la Rand Corporation (un think-tank américain) : «dans toute l'Europe, les taux de natalité sont en chute libre et la taille des familles se réduit. Le taux de fertilité total est aujourd'hui de moins de deux enfants par femme dans chaque Etat membre de l'Union européenne». Or, selon les démographes, «pour que la population d'une société demeure stable, son seuil de remplacement implique un taux de natalité de 2,1 enfants par famille», «tout chiffre inférieur est synonyme de déclin et de dissolution». Même le Conseil de l'Europe a lancé un avertissement en déclarant en 2004 dans son «livre blanc de la démographie» que «dans toute l'Europe, il y a eu plus de décès que de naissances pour l'année 2003». Et le quotidien de citer l'éditorialiste canadien Mark Steyn qui souligne dans son nouveau livre, America Alone (L'Amérique seule) : «Quel est le pourcentage de la population musulmane de Rotterdam ? 40%. Quel est le prénom masculin le plus répandu en Belgique ? Mohammed. A Amsterdam ? Mohammed. A Malmö, en Suède ? Mohammed». Et même The Daily Telegraph de Londres rapportait en décembre 2006 que «Mohammed et son autre graphie la plus courante, Muhammad, sont désormais des prénoms de bébés plus populaires en Angleterre et au pays de Galles que Georges». Car, comme le relève le quotidien, «si les Européens sont actifs partout sauf au lit, les populations musulmanes qui vivent en leur sein se montrent beaucoup plus prolifiques».

Or d'après des «projections réalisées par le National Intelligence Council du gouvernement américain, la population musulmane du continent, actuellement de 20 millions, aura probablement doublé d'ici à 2025». Le quotidien note qu'une «Europe de plus en plus islamisée sera de plus en plus hostile à Israël et aux Etats-Unis» et que «même si les gouvernements européens parvenaient à inverser la tendance, ce qui semble fort peu probable, il faudrait des années avant que le changement ne soit perceptible. Or, en attendant, l'influence politique musulmane continuera de se développer et de s'étendre, et les dirigeants européens ne pourront que difficilement faire abstraction des exigences de la communauté». Et de conclure : «Par conséquent, si vous voulez vraiment voir la tour Eiffel de près, je vous conseille de ne pas trop tarder. Le temps de dire ouf, et elle pourrait bien avoir été transformée en minaret»...

Une analyse qui rejoint ce que dénonce Philippe de Villiers : non seulement, il a préconisé de longue date de mettre en place une vraie politique familiale, qui aurait eu pour conséquence de relancer la natalité ; mais de plus, il met en garde contre «l'islamisation» de la France, prônant une immigration zéro et une politique généreuse de co-développement des pays les plus pauvres.
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04 février 2007

Voter Non dès le premier tour ?


L'Editorial de Paul-Marie COÛTEAUX - Conseiller politique de Philippe de VILLIERS, Député européen.
Mercredi 31 janvier

Qui ne voit combien la campagne est atone ? Peut-être ne s'ouvrira-t-elle qu'au printanier matin du 21 mars, lorsque les électeurs découvriront quels candidats la loterie des signatures admet à concourir. Or, dès le surlendemain, 23 mars, s'ouvriront en grande pompe, à Berlin, les festivités marquant le demi-siècle du traité de Rome : malgré les précautions que prennent les favoris (ou favorites) du sérail, la campagne se trouvera alors lancée sur son vrai thème, l'Europe, qui reste, historiquement donc politiquement, le principal sujet du jour - un peu comme l'était la question algérienne en 1958... De l'Europe tout dépend : on nous l'a assez dit...



Où en sommes-nous? La réunion des "Oui", organisée à Madrid le 26 janvier par les deux seuls pays qui ont ratifié le texte Giscard par la voie référendaire, le Luxembourg et l'Espagne, n'a réussi qu'à montrer les divisions du continent, non seulement entre les 18 approbateurs et les 9 récalcitrants mais aussi entre les Oui selon qu'ils veulent une "Constitution plus" (assortie de garanties propres à amadouer les "non") ou une "Constitution moins", limitée au Titre institutionnel - lequel permettrait d'ailleurs de faire passer ensuite tout le reste. Devant ces tergiversations, l'Allemagne a son propre plan exprimé, dès le 19 décembre à Bruxelles par le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, refusant tout "traité au rabais". Le 17 janvier, Mme Merkel annonça devant le Parlement européen sa volonté de faire aboutir le texte initial, assorti d'un vague préambule de bonnes intentions, comme si de rien n'était, en expliquant que, fruit d'un équilibre âprement négocié par une longue convention, il demeurait irremplaçable.

Le premier temps de ce curieux mariage forcé (la promise a dit non, mais doit nonobstant se laisser marier !) devrait être le grand coup de cymbales de Berlin célébrant ce que l'on appelle par habitude et par erreur "l'Europe". Après cinquante ans d'efforts, impossible de s'arrêter, tonne Steinmeier, nourrissant un espoir qu'il a déjà imprudemment formulé : "Les pays qui ont refusé le projet de Constitution semblent aujourd'hui prêts à négocier" (Le Figaro, 20 décembre 2006). En somme, le diktat allemand parie sur la faiblesse des deux Non, et surtout celui de la France, dans l'idée qu'il sera ensuite plus facile de fléchir des Pays-Bas alors isolés. C'est d'ailleurs pourquoi plusieurs mouvements souverainistes européens ont poussé la délégation française du groupe Indépendance et Démocratie au Parlement européen à lancer une campagne sur le thème "Non c'est Non !", dont on reparlera...

Reste heureusement le premier tour : une ultime fois peut-être, les Français pourront choisir entre deux modèles de civilisation qui découlent nécessairement de l'Europe à venir : soit l'Europe fusionnelle à l'allemande, qui doit faire marcher 27 ou 30 pays sur tous sujets d'un même pas, qui est d'ailleurs celui de la mondialisation libérale ; soit une Europe des coopérations (en matière de recherche, de politique commerciale extérieure, de politique industrielle ou d'environnement...) qui seule respectera les droits sociaux et politiques conquis dans le cadre national, lesquels s'effacent à mesure que celui-ci se dissout. On gage que ce débat dominant le premier tour, qui redonnera la parole aux souverainistes, et en premier lieu à celui qui voici moins de deux ans, en imposant les thèmes de campagne - frontières, protections, souveraineté -, fut le premier porte-parole du "Non", Philippe de Villiers, bouleversera une donne aujourd'hui trop bien ficelée.

En savoir plus sur le projet européen porté par Philippe de Villiers : RDV sur le site des députés souverainsites au parlement européen - Autre Europe

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